Dans une ville autrefois dépourvue de toute tradition universitaire, juridique ou culturelle et tout entière tendue vers la production et la gestion d’une marine de guerre, il n’est pas étonnant que soient très tôt apparues des Sociétés intellectuelles ou savantes, qui se consacrèrent, soit à l’éducation du plus grand nombre, soit à la pure recherche littéraire, historique ou scientifique.
La plus ancienne Société savante brestoise paraît être l’Académie royale de Marine, fondée en 1752 par M. Bigot de Morogues. Quand elle disparut, à la Révolution, elle avait à son actif d’importants travaux scientifiques et historiques.
La Société - ou Cercle - des Vêpres, fondée en octobre 1792 par un commissaire de Marine et un négociant de la cité, devait son nom au fait que ses membres se réunissaient à l’heure des vêpres, au 21 de la rue Jean Macé. Ses sociétaires, assez nombreux, étaient d’opinion conservatrice et anti-républicaine et se recrutaient parmi les officiers de marine et dans la bourgeoisie locale.
Créée en 1832, l’Académie de Brest prit bientôt le nom moins ronflant de Société d’Émulation. Son but était d’élever le niveau de connaissances des Brestois en leur proposant des cours post-scolaires, donnés en soirée. Ses auditeurs se comptaient par centaines (766 en 1877). En 1882, la Société Républicaine d’Éducation Populaire, filiale de la Ligue Française de l’Enseignement lui succéda, ajoutant aux cours pratiques des conférences à but culturel et créant des bibliothèques circulantes.
À partir de janvier 1901, la Société d’Émulation fut concurrencée par l’Université populaire brestoise, d’inspiration nettement plus socialiste, installée au 1bis de la rue Kléber. Fonctionnant sur le même modèle que sa rivale, elle proposait des enseignements et des cycles de conférences.
La Société académique, créée en 1858 par l’historien Prosper Levot, conservateur de la Bibliothèque de l’Arsenal, et Guillaume Pilven, ancien garde du Génie, avait d’autres visées. Son Bulletin annuel s’attachait à la publication de « travaux sérieux » de savants brestois et bretons, ainsi que de pièces littéraires de qualité. Des conférences mensuelles, données dans la salle de la Bourse puis à la Salle des Fêtes, attiraient un public nombreux.
La première guerre mondiale fut fatale aux activités de la Société académique, dont le Bulletin cessa de paraître. Au début des années 1930, La Revue de l’Ouest, dirigée par deux professeurs du Lycée, R. Herzzkowiza et J. Vier, et Armorique, animée par E. Soufflet, P. Tiercelet et J.-E. Sévellec, tentèrent de lui redonner vie, mais ces deux publications disparurent après quelques numéros. Quelques années après, la Société brestoise des conférences littéraires lançait à son tour des séries d’exposés, donnés dans la salle de l’Automobile-Club, rue Colbert.
En 1929, à l’initiative de M. Musset, professeur d’histoire, était né le Cercle Universitaire, ancêtre direct de la Société d’Études, qui se proposait de constituer une bibliothèque dans son local de la rue Monge et de lancer un cycle de conférences. Ce programme fut assuré jusqu’à la guerre, sous la direction d’E. Soufflet et la vice-présidence de Ch. Drapier et P. Proust. En 1947, le Cercle renaquit sous la présidence de R. Gravot, E. Berest, futur maire de Brest, en étant le secrétaire.